Si vous avez obtenu le statut de réfugié, vous avez quelques démarches à faire : obtenir votre carte de séjour, et faire établir vos documents d’état-civil (acte de naissance, acte de mariage, etc.). Le statut de réfugié vous donne aussi accès à des droits sociaux (RSA, assurance maladie, réduction ou gratuité des transports, etc.) et au travail.
1/ La carte de séjour
Vous pouvez vous rendre à la préfecture avec la décision de l’OFPRA ou de la CNDA vous reconnaissant le statut de réfugié : vous demandez votre titre de séjour.
NB : On ne vous donnera pas tout de suite la carte de séjour définitive (carte de résident de 10 ans), parce que pour l’obtenir, il faut présenter à la préfecture l’acte de naissance établi par l’OFPRA, le certificat médical de l’OFII (cf section suivante) et un justificatif de domicile.
La préfecture doit vous délivrer, dans un délai de 8 jours, un récépissé de demande de titre de séjour de 6 mois avec la mention « bénéficiaire de la protection internationale » qui vous donne droit au travail.
• Votre récépissé sera renouvelé si vous n’avez pas pas encore l’acte de naissance délivré par l’OFPRA.
• Il peut vous être demandé une attestation d’hébergement, si vous n’en n’avez pas, présentez votre attestation de domiciliation, en précisant que vous ne disposez pas d’adresse stable.
Attention !
De nombreuses préfectures exigent une attestation d’hébergement (différent de l’attestation de domiciliation) pour la délivrance de la carte de séjour, ce qui est contraire aux textes de loi. Pour les personnes sans domicile, n’hésitez pas à vous rapprocher de votre centre de domiciliation ou d’une autre association pour de l’aide.
2/ Établissement de l’état civil
L’OFPRA vous envoie par courrier une fiche d’état-civil de référence à remplir soigneusement avec :
• Nom, Prénom
• Date et lieu de naissance
• Identité des parents (nom et prénom du père et de la mère)
• Identité du conjoint si vous en avez un, et indications relatives au mariage (même s’il s’agit d’un mariage coutumier/religieux)
• Identité des enfants.
Un acte de naissance, un certificat de mariage, une carte d’identité ou un document de voyage peuvent également être demandé. Si vous n’avez pas ces documents, il faut en préciser la raison à l’OFPRA. Ce n’est pas un problème, et cela ne vous gênera pas pour vos démarches.
>>Après un délai d’au moins un mois (il faut souvent attendre 6 à 12 mois), l’OFPRA vous enverra par courrier un document valant acte de naissance, et un autre pour le mariage, si vous êtes concerné.
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3/ Visite à l’OFII (Office Français d’Immigration et de l’Insertion)
Une fois que vous avez transmis l’acte de naissance fait par l’OFPRA à la préfecture, la préfecture peut transmettre votre dossier à l’OFII (Office Français d’Immigration et d’Intégration).
En possession de votre dossier transmis par la préfecture, l’OFII vous convoque pour :
• une formation civique et un accompagnement professionel
• un test de français
• la signature du Contrat d’Accueil et d’Intégration.
Vous devez absolument vous rendre à cette convocation de l’OFII pour obtenir votre carte de résident ou votre carte de séjour pluriannuelle. Il est indispensable d’assister à la journée civique, de suivre les cours de français qui vous seront proposés, et de signer le contrat d’accueil et d’intégration.
>>Si vous n’êtes toujours pas convoqué au bout de 4 à 5 mois après avoir donné votre acte de naissance à la préfecture, n’hésitez pas à contacter l’OFII de votre département pour connaître la raison de cette attente et vous assurer que la préfecture a bien transmis votre nom à l’OFII.
4/ Famille de réfugiés
Si votre conjoint ou vos enfants de mineurs de moins de 18 ans sont restés dans votre pays d’origine, et que vous souhaitez les faire venir en France, vous devez faire une demande de rapprochement familial.
ATTENTION ! La demande de rapprochement familial se fait au consulat français du pays où réside votre famille. Il ne faut pas vous adresser aux autorités de votre pays en France.
• Les membres de la famille doivent déposer une demande de visa de long séjour auprès du consulat français. Il peut être utile de doubler la demande de visa par courrier en recommandé adressé au bureau des visas de Nantes (Adresse : Direction générale des étrangers en France
Sous-direction des visas
Bureau des familles de réfugiés
11 rue de la Maison Blanche
BP 43605
44 036 Nantes cedex 01) .
• Le délai d’instruction est en principe de 2 mois mais les vérifications d’état civil et des liens de famille peuvent prendre plusieurs mois, jusqu’à 8 mois.
Une fois le visa obtenu votre famille peut venir en France.
Bon à savoir :
• Principe de l’unité de famille : le principe de l’unité de famille permet d’accorder le statut de réfugié à votre conjoint (s’il est de même nationalité que vous et si le mariage est antérieur au dépôt de la demande d’asile) et à vos enfants mineurs, inscrits au registre de l’OFPRA. En pratique, il faut déposer une demande d’asile en précisant dans le dossier que son parent ou son conjoint est réfugié. Le conjoint et les enfants de plus de 16 ans deviennent « réfugiés statutaires » et obtiennent la carte de résident.
• La carte de résident de 10 ans est accessible de plein droit pour le conjoint, même lorsqu’il n’est pas reconnu réfugié. Pour les enfants, l’âge limite est de 19 ans. Si votre union date d’après l’introduction de votre demande d’asile, il faudra prouver un an de vie commune.
5/ Droits sociaux
Lorsque vous obtenez le statut de réfugié, vous avez le droit de bénéficier de certains dispositifs d’aide.
• Accès aux soins
En tant que réfugié, vous bénéficiez du système de protection maladie. Si vous avez peu de ressources, vous pouvez aussi obtenir la mutuelle complémentaire (CMU-C).
>>Si vous avez seulement la protection maladie de base, vous payez vos soins, et l’assurance maladie vous rembourse une partie des dépenses.
>>Si vous avez la protection de base et la complémentaire, vous ne payez pas vos soins.
Pour bénéficier de ce dispositif, il faut vous rendre à la Caisse Primaire d’Assurance Maladie (CPAM) de votre lieu de résidence.
• Revenu Solidarité Active (RSA)
Le RSA est une aide financière qui peut vous être donnée par la Caisse d’Allocations Familiales (CAF), à condition :
1/ d’être reconnu réfugié
2/ d’avoir plus de 25 ans
3/ d’avoir peu ou pas de ressources
>> La condition d’âge est supprimée pour celui ou celle qui a la charge d’au moins un enfant né ou à naître.
>> Si vous avez moins de 25 ans, rendez-vous à la mission locale de votre lieu de résidence : ils sont là pour aider les jeunes de moins de 25 ans à se former, et trouver du travail. Ils peuvent aussi accorder quelques aides financières ponctuelles.
Pour faire votre demande de RSA adressez-vous aux services sociaux de votre lieu de domicile (centre communal d’action social de votre ville) si vous avez une domiciliation postale avec :
– votre récépissé mention « reconnu réfugié »,
– un justificatif de domicile (domiciliation postale acceptée)
– votre attestation de paiement de l’ADA (le document qui indique ce que vous avez reçu de l’OFII pendant vos démarches d’asile).
Le montant du RSA est réévalué tous les trois mois. Au 1er avril 2018, il est environ de 550 euros par mois pour un adulte isolé. Pour un adulte avec un enfant : 826.40 euros ; avec deux enfants : 991.68 euros ; par enfant supplémentaire : 220.37 euros.
• Allocations familiales
Les allocations familiales sont des aides qui sont accordées par la CAF (Caisse d’Allocation Familiale) en fonction de la situation de chacun selon leur situation familiale (plusieurs enfants, parent isolé, ou enfant de – 3 ans par exemple). Les réfugiés statutaires ont droit aux allocations familiales. Se renseigner auprès d’un.e assistant.e social.e.
• Les Transports
Chaque région met en place des tarifs réduits ou la gratuité pour les personnes avec peu de ressources, ou qui bénéficient du RSA.
EN ILE DE FRANCE : Solidarité Transport :
En Ile-de-France, les bénéficiaires du RSA bénéficient de la gratuité des transports. Les bénéficiaires de la CMU « complémentaire » bénéficient d’une réduction de 50 % sur l’achat de leurs titres de transport et 75% sur les abonnements.
Pour bénéficier de la « Solidarité transport », il faut appeler un numéro gratuit : 0810 948 999, ou faire la demande sur internet.
6/ Emploi
La reconnaissance du statut de réfugié vous donne droit au travail, ce droit au travail est précisé sur votre récépissé. Pour vous aider à commencer à chercher du travail ou une formation, vous devez vous inscrire comme demandeur d’emploi.
• Pôle Emploi
Le Pôle Emploi est le service public qui enregistre les demandeurs d’emploi, et qui est chargé de les aider dans leur recherche. Pour bénéficier de leur suivi, vous devez vous inscrire. Il faut pour cela demander un rendez-vous en appelant le numéro de téléphone 39 49.
• Mission locale pour les moins de 26 ans
Les réfugiés de moins de 26 ans peuvent s’inscrire à la mission locale de leur lieu de domicile pour bénéficier de soutien à l’insertion professionnelle. La mission locale peut également parfois proposer des aides pour compenser l’absence de RSA.
Conseils : il peut être plus rapide de trouver un travail en vous inscrivant dans des agences d’intérim. Ces agences sont des sociétés privées qui mettent en relation des employeurs qui ont besoin de travailleurs temporaires avec des personnes qui cherchent du travail. En général, les agens d’intérim sont spécialisées par secteur d’activité (bâtiment, restauration, etc.)
7/ Accès à l’hébergement
• Hébergement en CPH (Centre provisoire d’hébergement)
En tant que réfugié, vous pouvez faire une demande pour entrer en CPH (centre provisoire d’hébergement).
Pour en faire la demande, vous devez remplir le dossier avec une assistante sociale ou avec un référent associatif et l’envoyer à l’OFII.
Si vous obtenez une place en CPH, vous êtes pris en charge pour 6 mois renouvelable.
• Hébergement SIAO (Service Intégré d’Accueil et d’Orientation)
L’assistant.e social.e peut aussi faire une demande d’hébergement SIAO.
• Hébergement HLM (Habitation à Loyer Modéré)
Pour demander un HLM, il faut faire la démarche auprès du Service Logement de la mairie de votre lieu de résidence.
8/ Permis de conduire
Vous disposez seulement d’un an après l’obtention de votre statut de réfugié ou de la protection subsidiaire, pour faire la demande d’échange de permis de conduire étranger.
Pour le faire, vous devrez remplir 2 formulaires de demande (Cerfa 14879*01 et Cerfa 14948*01) à adresser par courrier à l’adresse suivante :
CERT EPE
TSA 63527
44035 NANTES CEDEX 01
Sauf si vous vivez à Paris, dans ce cas l’adresse est :
Préfecture de Police de Paris
DPG / SDCLP
Centre de ressources des échanges de permis de conduire étrangers et des permis internationaux de conduite (Crepic)
1 bis rue de Lutèce
75 195 Paris Cedex 04
Avec les formulaires vous devez envoyer :
1/ votre permis de conduire
2/ sa traduction en français
3/ votre titre de séjour
4/ un justificatif de domicile
9/ Titre de voyage
Si vous souhaitez voyager à l’étranger après avoir obtenu votre carte de résident ou votre carte de séjour temporaire, vous devez remplir un formulaire de demande de document de voyage. Vous pouvez aller chercher le formulaire à la préfecture de votre lieu de résidence. Parfois vous pouvez télécharger le formulaire sur leur site. Une fois rempli, vous devez aller déposer en personne le formulaire à la préfecture, accompagné de :
• Votre carte de résident
• Deux photos d’identité conformes aux normes
• La décision de l’OFPRA vous donnant le statut de réfugié
• Un justificatif de domicile
• 20 € en timbres fiscaux
Attention : vous ne pouvez pas vous rendre dans votre pays d’origine sauf circonstances exceptionnelles (décès d’un membre de la famille, maladie ..) sous peine de perdre votre statut de réfugié. Si vous êtes dans un de ces cas exceptionnels, vous devez alors demander une dérogation à la préfecture, qui vous délivrera un laissez-passer contre la remise de votre titre de voyage.
10/ Obtenir la reconnaissance de son diplôme étranger
Si vous avez obtenu un diplôme dans votre pays, ceux-ci peuvent être reconnus en France. La procédure est gratuite pour les réfugiés.
Il faut envoyer à l’adresse « CIEP, ENIC-NARIC 1 avenue Léon Journault 92318 Sévres Cedex « les documents suivants :
– Une copie du diplôme
– Une traduction assermentée de celui-ci, à part s’il est en anglais ou arabe
– Une copie de la carte de séjour
– Une preuve d’adresse
– Une lettre expliquant pourquoi vous souhaitez la reconnaissance du diplôme
– Une enveloppe timbrée à votre nom
– La copie de votre décision de l’OFPRA
11/ Perte du statut de réfugié
Le statut de réfugié ne vous est pas donné pour toujours. Il est possible qu’il vous soit retiré. Il y a deux situations dans lesquelles on peut vous le retirer :
• Perte volontaire du statut : vous retournez vivre dans votre pays d’origine, vous acquérez une autre nationalité, ou vous vous placez de nouveau sous la protection de votre pays.
• La clause 1C5 (clause de cessation) de la Convention de Genève prévoit que l’on peut retirer le statut de réfugié lorsqu’on estime que les circonstances qui ont permis la reconnaissance du statut ont cessé d’exister.
La Convention de Genève prévoit que le réfugié peut tout de même le rester s’il invoque « des raisons impérieuses liées à des persécutions antérieures. »
Le retrait ou la perte du statut de réfugié n’affecte pas forcément le droit au séjour : vous avez peut-être le droit de rester en France, pour d’autres motifs que le statut de réfugié (durée de séjour en France, travail, famille, etc.).
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